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Le train et le secteur minier québécois : portrait du Centre d’expertise ferroviaire RAIL du Cégep de Sept-Îles 

10 février 2022
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Depuis sa création il y a un an, le Centre d’expertise ferroviaire RAIL (CEFRAIL) a pris une vitesse de croissance à la hauteur de ses ambitions. Afin de mieux cerner les enjeux du secteur ferroviaire intimement liés aux activités minières de la Côte-Nord, l’Institut national des mines s’est entretenu avec son directeur, M. Luc Faucher.

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Luc Faucher, directeur du Centre d’expertise ferroviaire RAIL (CEFRAIL)

1. Rappelez-nous le mandat du CEFRAIL.

Depuis 2007, le Cégep de Sept-Îles a développé une expertise dans le domaine ferroviaire. Autrefois donnée à Montréal, l’Attestation d’études collégiales – Chef de train a commencé à être offerte afin de répondre aux besoins de formation des entreprises minières de la Côte-Nord. Ensuite, en 2013, le Cégep s’est vu octroyer la Chaire de recherche industrielle sur l’exploitation et la maintenance ferroviaire par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

Afin de consolider tous les efforts déployés au cours des dernières années au Cégep de Sept‑Îles, le Centre d’expertise ferroviaire RAIL a vu le jour en septembre 2020. Le Centre se distingue selon trois axes : formation, recherche et services techniques. Grâce à des fonds publics fédéraux et provinciaux, et aux partenariats financiers des entreprises minières, l’organisation est en mesure de réaliser de la recherche, d’offrir des services aux entreprises ayant des besoins spécifiques, mais aussi d’offrir une formation continue dans le domaine.

 

2. Déjà un an pour le Centre et vous voyez grand. Vous visez à devenir un pôle national en formation et en recherche dans le secteur ferroviaire. Comment comptez-vous y parvenir?

Actuellement, la formation publique dans le domaine ferroviaire au Canada est offerte exclusivement en anglais, et majoritairement à Calgary et à Winnipeg. Seul le Cégep de Sept-Îles donne des cours en français. Du côté anglophone, la formation est également offerte par les grands joueurs en transport ferroviaire, tels que le Canadien Pacifique et le Canadien National. Au Québec, les compagnies font plutôt affaire avec des consultants, forment les employés à l’interne ou ont recours au Centre d’expertise ferroviaire RAIL. Initialement, ce sont davantage les compagnies minières qui se prévalaient de l’offre de formation du CEFRAIL. Maintenant, de plus petits exploitants et sous-traitants requièrent également ses services.

Sur la Côte-Nord, nous profitons aussi de notre avantage géographique et de l’appui des entreprises du secteur minier. Nous recevons chaque année des sommes importantes. Actuellement, Rio Tinto et ArcelorMittal financent annuellement notre centre à la hauteur de 250 000 $ et 150 000 $, respectivement.

De plus, nous avons reçu un fonds de 125 000 $ du gouvernement du Québec afin d’élaborer 15 nouvelles formations. Un comité se penchera dans les prochaines semaines sur les formations à choisir prioritairement. Une trentaine sont déjà listées.

Afin de devenir un pôle national de formation ferroviaire, nous espérons un appui du gouvernement du Québec. D’ailleurs, nous sommes déjà dans l’action pour y parvenir.

 

3. Selon vous, quelle est la place du milieu ferroviaire au Québec?

Le chemin de fer est la solution pour l’environnement et le développement durable au Québec. Il s’agit d’une technologie qui consomme moins d’énergie, moins de carburant. Elle utilise 3,7 fois moins de carburant que le transport routier. Également, un convoi de 100 wagons équivaut à 300 camions roulant sur nos routes. Lorsqu’on privilégie le transport ferroviaire, l’infrastructure routière est moins sollicitée, la construction d’autoroutes à plusieurs voies devient moins nécessaire et la consommation d’essence est réduite. Le transport ferroviaire peut aussi être électrifié, diminuant ainsi l’émission de carbone.

En contexte de pénurie de main-d’œuvre, il y a aussi un impact humain. Un train est conduit par 2 personnes alors que 300 camions requièrent 300 conducteurs. Évidemment, je parle de transport sur de longues distances.

Rappelons enfin que les trains transportent des minerais, certes, mais également d’autres matières ainsi que des gens.

 

4. Parlez-moi de votre équipe au CEFRAIL?

L’équipe de CEFRAIL est composée de six employées et employés possédant divers niveaux d’expertise. Nous comptons sur des techniciens, des bacheliers et des personnes ayant réalisé des études supérieures. Nos experts sont diplômés dans les domaines de la maintenance industrielle, du génie mécanique, de l’électronique, de l’informatique, du génie des matériaux et de la chimie. Selon les projets, les personnes-ressources nécessaires répondent aux besoins de l’industrie.

Plus précisément, nous avons des chargés de projet qui s’assurent de comprendre les clients et leurs besoins, de monter les projets et d’ajuster ceux en cours. Pour réaliser les projets de recherche, nous avons des ingénieurs, des experts en informatique, notamment en programmation. Certains travailleurs ont été formés en génie électrique pour concevoir les nouvelles technologies et les adapter aux besoins des clients.

Pour nous assurer que la formation offerte par notre centre répond aux besoins du secteur, nous avons également une conseillère à la formation qui veille au soutien administratif, à la logistique avec les enseignants et à la formation donnée.

 

Luc Faucher, directeur du Centre d’expertise ferroviaire RAIL (CEFRAIL)
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5. Que faut-il comme compétences aujourd’hui pour évoluer dans le milieu ferroviaire?

Dans le secteur ferroviaire, une seule formation est reconnue par le ministère de l’Éducation. Il s’agit d’une attestation d’études collégiales pour les chefs de train. Pour le reste, ce sont les entreprises qui proposent à des travailleurs de suivre la formation que nous offrons. Pour l’instant, un jeune du secondaire, intéressé par le secteur ferroviaire, ne peut pas suivre de formation. Il doit être recruté par l’entreprise pour y accéder. Cependant, nous travaillons actuellement avec différents acteurs pour démocratiser la formation ferroviaire.

Les aptitudes sont variées pour travailler dans ce secteur. Les chefs de train, par exemple, doivent avoir envie de voyager et de voir du pays. Si le futur employé possède une formation en génie mécanique, en génie civil ou en électricité, il aura des atouts pour ce métier. Ainsi, une fois recruté par l’entreprise, l’employé pourra recevoir un complément de formation par la compagnie qui l’a embauché.

 

6. Y a-t-il de la formation continue offerte à distance?

Il n’y a pas de formation exclusivement offerte à distance, puisque le volet pratique est omniprésent. Cependant, l’équipe se déplace grâce à une école mobile pour offrir de la formation ailleurs que sur la Côte-Nord. Nous l’avons fait d’ailleurs pour la formation sur la réparation des voies ferrées.

 

7. La diversification des modes d’enseignement est un aspect expérimenté depuis déjà plusieurs années au Cégep de Sept-Îles. Au-delà des simulateurs de train, avez-vous développé d’autres projets technologiques?

Nous travaillons depuis déjà quelque temps sur les camions d’inspection des voies ferroviaires. À l’aide de la photographie 3D et de capteurs, nous arrivons à recréer les voies ferroviaires et à déceler, grâce à l’intelligence artificielle, les endroits à corriger ou à réparer sur une voie ferroviaire. On parle ici de défaillances, d’usure, d’écaillage, de géométrie, d’éclisses, de traverses, de crampons, d’attaches et de ballast. En 2017, nous avons reçu un tel camion pour le Cégep de Sept-Îles et nous en avons fait la présentation aux compagnies de chemin de fer. Deux ans plus tard, nous avons obtenu des subventions pour réaliser les premiers tests avec ArcelorMittal et, en 2021, nous avons pris des mesures 2 fois sur 412 km avec ArcelorMittal et 1 fois sur 412 km avec Rio Tinto – IOC (QNS&L).

Le nombre de points recueillis avec cette technologie est immense. Pour 412 km, cela revient à 420 milliards de points recueillis et analysés. Nous aimerions enseigner ultimement l’interprétation des données recueillies.

La force du Centre est de pousser plus loin la technologie grâce à nos équipes et, ensuite, de former davantage de gens en vue de l’utilisation de cette technologie.

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Voici un récapitulatif des chemins présents sur la Côte-Nord :

Le secteur ferroviaire est un secteur incontournable de l’industrie minière au Québec.

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Liste des formations disponibles au Centre d’expertise ferroviaire RAIL :

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