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Portrait de Martine Paradis, ING. M. SC. PMP | Vice-présidente environnement et infrastructure durable chez Nouveau Monde Graphite 

4 mai 2023
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Martine Paradis | Vice-présidente environnement et infrastructure durable chez Nouveau Monde Graphite

Détentrice d’un baccalauréat en génie géologique et d’une maîtrise en sciences de la Terre, Martine Paradis cumule plus de 20 ans d’expérience dans le secteur minier et environnemental avec un passage dans le génie-conseil, au ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec et sur de nombreux sites miniers. Elle a contribué à de nombreuses études et travaux de terrain en lien avec des infrastructures environnementales critiques, la restauration de sites miniers actifs et abandonnés et l’intégration de l’environnement dans l'ingénierie et les projets. Portrait de la vice-présidente à l’environnement et infrastructure durable chez Nouveau Monde Graphite, Martine Paradis.


Comment avez-vous découvert le secteur minier?

À la base, je ne savais pas que l’environnement minier pouvait être une profession ni même que ça existait. Personne de mon entourage ne connaissait ce milieu. Ce que je savais c’est que l’environnement m’intéressait, mais je n’avais pas pensé que je pourrais joindre cet intérêt à une profession. Un jour, j’ai lu un dépliant sur le génie géologique qui mentionnait qu’on y étudiait les eaux souterraines et les sciences de la Terre avec des débouchés dans des postes liés à l’environnement, ça m’a intéressée. J’ai toujours été une personne qui aimait le plein air; être proche de la nature. À quelques semaines de la rentrée, j’ai donc décidé de m’inscrire en génie géologique.

 

Comment se sont déroulées vos études?

Lors de mes deux premières années de génie géologique, j’ai remarqué qu’il y avait, à l’époque, peu de cours dans le programme pour l’environnement. Cependant, dans les cours des deux dernières années concernant les eaux, on s’intéressait de plus en plus à l’environnement, à l’application de technologie comme la géothermie, à la décontamination de sols et au transport des eaux souterraines avec des enjeux environnementaux. Il est à noter que c’est le professeur le plus vieux du département qui avait attiré mon intérêt avec des projets innovants en hydrogéologie appliquée, il montrait qu’on pouvait faire différent de ce qui existe pour améliorer les pratiques vers du développement plus durable. Aujourd’hui en ingénierie, les plus jeunes ont accès à d’autres programmes appliqués tels que le génie des eaux, le génie de l’environnement et on aborde l’environnement dans les programmes de génie géologique, minier et génie civil dès les premières années. Il y a aussi plusieurs programmes qui existent en sciences entourant la pratique environnementale. En vingt ans, l’environnement est devenu un domaine appliqué en pleine effervescence avec des cours et des programmes diversifiés.

Parlez-nous de votre projet de maîtrise.

Ma maîtrise en était une de recherche qui a été réalisée avec un projet et une bourse en industrie. J’étudiais la possibilité de valoriser les résidus miniers de bauxite qui ont un fort potentiel alcalin pour neutraliser des résidus présents sur les sites miniers avec des problématiques d’acidification et de lixiviation des métaux au-delà des normes. Ce qui m’intéressait dans ce projet, c’est que l’on pouvait appliquer la recherche à une problématique de l’industrie et qu’on y étudiait la possibilité de valoriser des résidus d’un secteur industriel pour arriver à une solution sur un autre site avec d’autres enjeux. Le passage à la maîtrise m’a permis d’avoir accès à des experts qui supervisaient mon travail et d’apprendre les étapes à franchir dans l’analyse d’une problématique environnementale pour arriver à une interprétation de résultats. Il ne s’agissait pas seulement de valider si ça marchait comme technologie, mais aussi d’évaluer la faisabilité technico-économique et le respect de la réglementation et de critères de l’industrie pour la gestion de résidus miniers à court et long termes.

 

Quelles sont vos expériences de travail qui vous ont menées jusqu’à Nouveau Monde Graphite et en quoi consiste votre poste actuel?

Lorsque je suis arrivée sur le marché du travail, j’ai travaillé pour une petite firme de génie-conseil qui s’appelait Experts-Enviro conseil. En fait, un ancien professeur en hydrogéologie est devenu le patron d’une firme spécialisée en environnement avec plusieurs mandats en restauration de sites miniers. La firme travaillait sur des projets miniers en environnement et une ingénieure senior de la firme avait besoin d’assistance pour des travaux de terrain. J’ai vécu ainsi mes débuts dans le domaine de l’environnement comme ingénieure junior avec des mandats où je devais procéder à la caractérisation des sites et à l’interprétation de résultats en lien avec la géochimie, les eaux souterraines et eaux de surface afin de concevoir des solutions pour le futur. Après ma maîtrise, j’ai continué comme chargée de projets dans le génie-conseil et la firme où je travaillais a été acquise par SNC Lavalin. À ce moment, soit au début des années 2000, la réglementation s’est aussi resserrée et les mentalités ont évolué, j’ai donc navigué à travers plusieurs projets dans le génie-conseil reliés à ce que j’avais fait dans ma maîtrise. Les minières au Québec voulaient trouver des solutions pour ne pas refaire les erreurs du passé. J’ai eu la chance de participer à plusieurs projets en lien avec l’intégration de la fermeture des sites dans l’opération et les changements climatiques où on devait consulter des experts de grand renom et interdisciplinaires pour trouver des solutions. Au fils de mes expériences, j’ai fait des études plus spécifiques en géochimie pour passer à directrice de projet et gestionnaire d’une division liée à la conception en environnement minier.

À travers les années, ce qui m’intéressait le plus a été d’appliquer la théorie aux opérations. J’ai d’ailleurs été mandatée plusieurs années pour la mine Raglan en tant que gestionnaire des études environnementales et des opérations sur le terrain reliées à la gestion des résidus miniers et la restauration minière.

Ensuite, j’ai travaillé pour le ministère des Ressources naturelles et des Forêts pour œuvrer à la gestion de sites miniers abandonnés, l’application de l’aspect législatif et la prise en charge de différents dossiers ministériels pour la direction de la restauration des sites miniers. J’ai eu l’opportunité de travailler sur la restauration de la mine principale de Chibougamau où il y avait plusieurs interactions avec la communauté locale de Chibougamau et les communautés autochtones. Lors de mon passage, nous avons aussi élaboré la version la plus récente du Guide sur la restauration minière au Québec.

Chez Nouveau Monde Graphite, je suis vice-présidente environnement et infrastructure durable. Je veille aux aspects environnementaux et sociaux du développement de nos projets pour intégrer des pratiques qui vont limiter les impacts du projet sur son milieu. Je gère les équipes du projet de la mine et je supervise avec eux les études requises à l’avancement du projet avec les consultants et partenaires pour l’ingénierie environnementale, c’est-à-dire tout ce qui touche à l’eau, l’air, les sols et la réglementation.  Je fais du travail de bureau, mais je passe aussi du temps sur le terrain pour voir les opérations, former ou accompagner les gens dans leurs tâches et m’assurer que les mesures liées à l’environnement sont intégrées à tous les niveaux. Je travaille également sur les autorisations gouvernementales et j’assure une représentation avec les communautés.

Martine Paradis | Vice-présidente environnement et infrastructure durable chez Nouveau Monde Graphite
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Martine Paradis | Vice-présidente environnement et infrastructure durable chez Nouveau Monde Graphite

Parlez-nous de l'entreprise Nouveau Monde Graphite et de ses défis.

Nous voulons contribuer à réaliser un choix environnemental. Le graphite est un minéral important pour la transition énergétique, et nous travaillons à extraire ce graphite selon les meilleures pratiques minières. Nous avons aussi un important projet de la transformation de ce graphite en matériel d’anode ici au Québec. Chacune de nos initiatives permet d’obtenir un produit ayant le moins d’empreinte écologique possible. Notre approche est carboneutre, et nous visons le net-zéro.

Pour cela nous avons notamment un projet de transition pour des véhicules électriques avec Caterpillar et un programme de recherche avec Ressources naturelles Canada. Ainsi, nous regardons les stratégies à mettre en place pour opérer une mine entièrement électrique avec certains des équipements qui seront là dès le début de l’exploitation. Notre défi consiste à changer la normalité pour développer des technologies plus propres, avec le même échéancier et des coûts compétitifs  à un projet similaire et des technologies connues. Pour cette raison, nous avons des équipes de recherche et développement et plusieurs partenariats. Ce qui est motivant dans cette approche est de voir qu’en embauchant des gens qui y croient et qui ont la même vision, on peut arriver à réaliser l’innovation à la même cadence qu’un projet standard.

 

« Ça me motive d’avoir l’opportunité de changer
les choses tout en concrétisant nos idées. »

- Martine Paradis, ING. M. SC. PMP, Vice-présidente environnement
et infrastructure durable chez Nouveau Monde Graphite

Selon vous, comment doit se développer le secteur minier au Québec?

Ma vision de la stratégie minérale se résume à mettre de l’avant la collaboration et des échanges efficaces entre les différentes parties prenantes comme l’industrie, les minières, les communautés touchées, le public, les scientifiques et les ministères pour mettre nos idéaux en pratique afin de développer le secteur minier. Nous sommes tous des consommateurs et le réaliser permet de prendre conscience que la meilleure façon d’être bon pour l’environnement est d’accepter que, comme industrie, il faut tout faire pour exploiter les minéraux critiques et stratégiques de façon intelligente et responsable. L’environnement doit être au premier plan : le premier critère de conception d’une mine ou de la transformation du minerai.

 

Qu’est-ce qui vous anime le plus dans votre travail au quotidien?

Je suis une personne d’équipe et de collaboration. Le secteur minier nous donne l’occasion de travailler avec des expertises variées et complémentaires pour trouver des solutions. Ça me motive d’avoir l’opportunité de changer les choses tout en concrétisant nos idées.

Par exemple, dans mon poste où je travaille à développer l’ingénierie de Nouveau Monde Graphite, ce n’est pas seulement de proposer des concepts et les mettre sur papier, mais aussi les réaliser avec les gens sur le terrain. En fait, dans mon travail, je passe de la théorie à la pratique.

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