SOPHIE BERGERON : une leader d’influence pour le secteur minier québécois

Devenue vice-présidente de la Santé, de la Sécurité, de l’Environnement et de la Sûreté (HSES) chez Rio Tinto, et ce, en pleine pandémie, Sophie Bergeron a une carrière enviable dans le secteur minier. Auparavant directrice de la mine Éléonore chez Newmont Corporation dans le Nord-du-Québec, elle a su faire preuve d’audace et d’influence au cours des 20 dernières années. Sophie Bergeron a la volonté de relever les défis, d’influencer et d’encourager toutes et tous à se doter des meilleures pratiques en matière de développement durable dans le secteur minier. Voici le parcours d’une ingénieure d’influence figurant parmi les femmes les plus inspirantes au monde dans le secteur minier selon le Women In Mining.
Une arrivée en pleine pandémie
Depuis son arrivée chez Rio Tinto, Mme Bergeron a découvert à quel point la technologie pouvait faciliter le contact avec ses coéquipiers un peu partout dans le monde. « Ça me faisait très peur de commencer en pleine pandémie. C’est extraordinaire à quel point la technologie nous permet de faire un gros bout de chemin. Évidemment, ça ne remplace pas les liens que nous bâtissons en personne, mais c’est possible », a-t-elle exprimé après 3 mois à la barre de l’organisation.
Son travail lui permet encore une fois d’être près du côté opérationnel, même si elle occupe les fonctions de vice-présidente HSES. Selon Mme Bergeron, la sécurité, l’environnement et la sûreté, c’est le quotidien des opérations ce qui lui permet de demeurer en appui à l’opération et d’être toujours présente sur le terrain. Mme Bergeron soutient tous les sites miniers de la division Énergie et minéraux de Rio Tinto. En plus de veiller à l’amélioration continue des pratiques, elle tente de trouver des solutions pour faire respecter tous les standards de l’organisation et surtout s’assurer de la sécurité, de la santé, de la protection de l’environnement et de la sûreté des gens qui y travaillent ainsi que les gens concernés par les projets miniers. Son travail l’amène à se déplacer régulièrement dans le monde et à être en appui aux opérations minières en Amérique du Nord (Québec et Californie), en Europe, en Australie et en Afrique.
Grandir à travers le changement
Mme Bergeron a œuvré auprès de Goldcorp pendant 10 ans. Durant ses années à la direction de la mine Éléonore, il y a eu un changement de propriétaire. La minière est passée des mains de Goldcorp à Newmont Corporation. Un vent de changement qui a amené son lot de défis notamment la collaboration à l’implantation d’une nouvelle gestion organisationnelle et d’une nouvelle culture. Malgré le lot de travail qu’a amené ce changement, elle garde un beau souvenir de son expérience à la minière située au Nord-du-Québec. « Plus tu avances dans une carrière notamment en gestion de personnel, plus tu t’aperçois que tu ne peux pas réaliser quoi que ce soit juste par toi-même, mais que tu as besoin de travailler avec les gens pour atteindre les objectifs de ton organisation », a-t-elle relaté. Dans sa carrière, Mme Bergeron a occupé des fonctions dans le secteur minier qui l’amenait à sortir de sa zone de confort. Son expérience en 2012 où elle a occupé un poste en santé et sécurité, un domaine dont elle avait une passion, mais avec peu d’expérience lui a permis de sortir de sa zone de confort et d’affronter sa propre peur du changement. Elle mentionne que ces expériences l’ont fait grandir et l’on fait évoluer comme personne. L’ère industrielle 4.0 amène également un changement organisationnel dans la mine actuelle et future.
Le virage technologie des minières québécoises
Considérant que les mines sont souvent exploitées à court terme, Sophie Bergeron constate que l’industrie minière est une industrie qui a de la difficulté à réaliser des tournants, notamment technologiques. Les mines se développent souvent rondement; toutes désirent des résultats rapides. Développer la technologie demeure un défi. Cependant, le secteur minier a fait des progrès. Même la mine Éléonore, précurseur de nouvelles technologies, rencontre encore des défis. La technologie devient désuète et doit être remplacée. Dans les années 80 et 90, Sophie Bergeron se rappelle la réticence de la main-d’œuvre à l’implantation de nouvelles technologies. D’ailleurs, son passage à la direction d’une mine en Ontario en 2015 où elle avait pour mandat à l’époque était de passer de la forme de minage traditionnelle vers la mécanisation, a représenté un défi et lui a permis de bien cerner l’impact sur la main-d’œuvre.
Selon elle, l’intérêt est de plus en plus marqué pour la technologie, mais il reste à faire valoir l’avantage compétitif de son intégration. Chose certaine, un enjeu demeure : la qualification de la main-d’œuvre. « Trouver la main-d’œuvre, les former sur les systèmes en place dans la minière et s’assurer qu’elle possède la compétence pour maintenir la technologie est un défi en soi », a souligné Mme Bergeron. Tout ce qui est en lien avec l’instrumentation, la mécanique, l’électromécanique deviennent d’autres spécialités qui entrent en ligne de compte dans le secteur minier selon Mme Bergeron. L’approvisionnement des pièces également devient une préoccupation.
Actualiser la formation minière et les outils pédagogiques
L’actualisation des programmes de formation demeure également un aspect à considérer dans les prochaines années notamment la technologie utilisée dans les minières actuelles. Mme Bergeron s’étonne encore de la présence d’équipements désuets dans les centres de formation, mais également du temps d’apprentissage accordé à certaines technologies qui ne sont plus utilisées dans le secteur minier comme la jackleg, mais avoue que la présence de plus en plus accrue de simulateurs pour la formation des opérateurs est un avancement considérable. D’autres formations sont aussi difficiles à recevoir notamment en lien avec le travail d’opérateur de treuil.
Bien que les formations entourant l’extraction, la concentration et les connaissances générales du milieu minier soient pertinentes dans les programmes de formation des établissements d’enseignement du Québec, viser à faire connaître la base en santé et en sécurité en plus de s’assurer de reconnaître les risques entourant le secteur minier demeure un aspect de la formation essentiel à offrir à la future main-d’œuvre du secteur minier selon Mme Bergeron. De plus, elle encourage les régions à diversifier leur offre de formation afin de rendre plus accessible des formations telles qu’électromécanique ou soudure spécialisée (aluminium) tout comme intégrer dans les parcours de formation, une spécialisation « mine ». Même si la majorité de la formation nécessite d’être sur le terrain pour apprendre, certaines formations pourraient être plus accessibles grâce aux outils virtuels.
Titulaire d’un baccalauréat en génie minier de l’École Polytechnique de Montréal et d’un certificat en amélioration des opérations de l’Université de Melbourne en Australie en 2010, Sophie Bergeron est une leader dans le secteur minier québécois.
