Patrick Mercier, directeur général de la nouvelle mine Odyssey - Partenariat Canadian Malartic

Le Partenariat Canadian Malartic, détenu à parts égales par les sociétés Yamana Gold Inc. et Mines Agnico Eagle Limitée, gère et exploite la mine Canadian Malartic. Située à Malartic en Abitibi-Témiscamingue, il s’agit de la plus grande mine d'or à ciel ouvert au Canada. Depuis peu, des travaux de construction de la mine souterraine Odyssey, près de la mine à ciel ouvert, ont commencé. Dans cet article, nous découvrons le parcours du directeur général, Patrick Mercier, ainsi que sa vision de cet imposant projet de mine souterraine.
Avant de nous parler précisément de la nouvelle mine Odyssey, pouvez-vous nous décrire votre parcours scolaire et professionnel?
Je suis né à Drummondville, mais j’ai vécu mon enfance à Bathurst au Nouveau-Brunswick, une ville minière. Jeune, j’étais attiré par la nature et la géographie et, grâce à un conseiller d’orientation, j’ai découvert le secteur minier. À ma première année d’études universitaires en géologie en 2001, j’ai obtenu un stage à la mine souterraine Brunswick. J’ai appris à manœuvrer différents équipements durant ce premier été. Je me souviens d’avoir été marqué, lors de ce stage, par l’effort physique et mental que les mineurs mettent dans leur métier jour après jour, mais surtout par la dynamique et la camaraderie de mon équipe de travail.
Mon premier véritable emploi a été technicien en contrôle de terrain à la mine Brunswick. J’effectuais des tournées de terrain afin de m’assurer de la stabilité des tunnels et je faisais des plans de réhabilitation lorsque nécessaire. C’est à cet endroit que j’ai fait la rencontre de mon mentor, monsieur Richard Harrison. Grâce à lui et à la qualité de mon travail, j’ai acquis de l’expérience dans cette mine et, après quatre ans, je suis devenu superviseur sous terre.
Lorsque j’étais à l’emploi de la mine Brunswick, je savais que je devais retourner aux études afin de progresser, à la hauteur de mes ambitions, au sein de l’industrie minière. En 2008, j’ai donc commencé un baccalauréat en génie géologique, à distance. Comparativement au travail du géologue de mine qui consiste à réaliser des observations, des analyses et des interprétations, je souhaitais être davantage impliqué dans la gestion quotidienne des opérations. Je voulais être dans l’action et la profession d’ingénieur me permettait d’atteindre ce but. Je suis une personne dynamique, qui aime travailler en équipe afin de trouver des solutions et développer des idées.
Après ma formation en génie géologique, j’ai travaillé pour la firme-conseil SNC Lavalin à Québec, ensuite chez Les Diamants Stornoway, à la mine Renard, comme ingénieur minier junior au bureau de Longueuil. À ce moment, l’équipe était petite et j’avais plusieurs responsabilités. Ce rôle m’a permis d’explorer différents aspects associés à l’ingénierie minière d’une mine souterraine comme la planification, la ventilation et la mécanique des roches. Au cours des cinq années où j’ai travaillé chez Stornoway, j’ai eu la chance de participer à la phase de valorisation du gisement (étude de faisabilité), à la recherche de financement et à la construction de la mine.
Vous avez été aux premières loges du Projet Odyssey, à titre d’ingénieur sénior. Dès les premiers travaux en 2016, qu’est-ce qui, selon vous, caractérisait le projet?
Lorsque je suis arrivé en poste, le projet n’avait pas l’envergure que l’on connaît aujourd’hui. C’est la découverte du gisement East Gouldie, à haute teneur en or, qui a été l’élément déclencheur pour entreprendre le projet de la mine Odyssey. C’est une mine qui aura une durée de vie de 20 ans. D’ailleurs, la mine Odyssey deviendra certainement l’une des plus grandes mines d’or souterraines au Canada.
Quelle sera la place de la technologie dans cette nouvelle mine?
Il faut évidemment avoir une vision à long terme pour ce projet minier et les technologies à la fine pointe seront au rendez-vous. Le LTE sera notre principal réseau de communication mobile. Cette technologie nous permettra d’avoir une communication fluide, de voir l’état et la géolocalisation des équipements et des employés en temps réel et de gérer une plus grande quantité d’information afin d’obtenir un endroit de travail sécuritaire et une productivité optimale.
Les véhicules électriques seront également intégrés dans le développement de la mine dès le début du projet afin de diminuer notre empreinte écologique. Le domaine minier évolue rapidement et déjà plusieurs équipements électriques de petite dimension sont devenus des incontournables dans l’industrie. Nous avons espoir que les gros équipements de production, tels que les chargeuses-navettes et les camions de production, seront également disponibles en versions électriques avant l’exploitation de la zone principale East Gouldie, prévue en 2027.
De plus, l’équipe travaille déjà à l’acquisition de chargeuses automatisées pour le déblayage des chantiers pendant les périodes de sautage. Cette technologie, en constante évolution, fera partie intégrante des opérations futures de la mine Odyssey.
Notre usine actuelle de traitement du minerai à la mine Canadian Malartic sera, quant à elle, convertie afin d’accommoder une baisse de production vers la fin de l’exploitation de la fosse Barnat, passant de 57 000 à 20 000 tonnes par jour.
L’implantation des nouvelles technologies devra être en concordance avec les priorités de notre organisation comme la santé et la sécurité, le respect de l’environnement et de la communauté ainsi que nos opérations.
À ce jour, vous prévoyez entre 1 400 et 1 500 emplois directs pour la mine souterraine Odyssey. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée sera-t-elle un enjeu?
Il est évident que ce sera un défi important, mais nous croyons que notre projet saura susciter l’intérêt et nous avons bon espoir que nous pourrons combler nos besoins. Nous aurons besoin de mineurs en extraction du minerai, en développement et production, mais aussi de techniciens miniers, de géologues, d’informaticiens et de programmeurs, de mécaniciens, d’électromécaniciens, d’électriciens, d’experts en automatisation, en instrumentation, en communication souterraine et en gestion des données, mais également de professionnels en ressources humaines. Bref, de tous les métiers associés de près ou de loin à l’industrie minière!
La formation et la qualification seront nécessaires pour l’exploitation de cette mine. Nous allons continuer à offrir de la formation à l’interne et à développer notre main-d’œuvre afin de lui permettre d’évoluer avec les technologies implantées. Nous espérons également accueillir davantage de main-d’œuvre issue des communautés autochtones.
L’employabilité est également un aspect que vous allez considérer lors de la fin de production de la mine Canadian Malartic. Comment pensez-vous organiser la transition des employés?
Pour l’instant, nous travaillons sur une stratégie de transition. Ayant une culture d’entreprise bien implantée, nous savons que la main-d’œuvre de la mine Canadian Malartic partage déjà les valeurs de l’organisation, connaît également la vision et les exigences en santé et sécurité.
Nous savons que, dès 2025, il y aura une décroissance de la main-d’œuvre affectée à l’exploitation de la fosse de la mine Canadian Malartic. La priorité sera d’effectuer le transfert d’employés d’une mine à l’autre, selon les besoins et avec la formation appropriée. Actuellement, la mine Canadian Malartic offre 800 emplois directs.
LA MINE ODYSSEY EN QUELQUES MOTS :
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Investissement de près 1,7 G$ sur 7 ans (Yamana Gold Inc. et Agnico Eagle);
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Début de l’exploitation prévue en 2023;
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Années de production prévues : 18 à 20 ans (2039);
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Nombre d’emplois directs estimé entre 1 400 et 1 500;
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Production maximale de 19 000 tonnes par jour au plus fort des activités;
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Profondeur totale : 1,8 km de puits;
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Parc à résidus et usine de traitement de la mine Canadian Malartic utilisés pour cette nouvelle mine.
