Journée internationale de l'éducation
L'importance des sciences au primaire

En cette Journée internationale de l'éducation, Brayen Lachance, coordonnateur et chargé de cours en didactique des sciences au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire depuis 2007 à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), nous parle de l'importance des sciences dès le primaire. Ses nombreuses publications sont centrées, depuis 15 ans, sur la construction des savoirs scientifiques et technologiques en formation à l’enseignement primaire; sur la construction du problème en science et technologie; sur des albums jeunesse en science et technologie; sur la place de l’oral en enseignement des sciences et sur des outils didactiques. Découvrez sa vision dans cet article.
Pourquoi apprendre les sciences à l’école?
Par l’enseignement des sciences à l’école primaire, nous souhaitons outiller l’élève afin qu’il soit en mesure de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons, à s’expliquer celui-ci et à concevoir des réponses qui lui permettront de prendre des décisions éclairées.
De plus, l’accompagnement de l’enseignant ou de l'enseignante devrait lui permettre de rehausser sa culture générale en lien avec la discipline, tout en prenant conscience de l’omniprésence des sciences et des technologies dans son quotidien. Ne serait-ce que par l’utilisation de vêtements aux propriétés adaptées à la saison, à la présence de machines simples dans la cour d’école, aux relations qu’entretiennent les êtres vivants ou à la transformation de la matière lors d’une activité culinaire.
Par ce raisonnement, nous souhaitons amener l’élève à développer son esprit scientifique et dans une certaine mesure être sensibilisé aux bienfaits et aux impacts de la science et de la technologie sur notre environnement.
En quoi les sciences stimulent la créativité?
Comme nous le rappelait Hubert Reeves, la science n'est pas un domaine de vérité. La science n'est pas figée, elle ne vous dit pas : « c'est cela », « ce n'est pas cela ».
L’enseignement de cette discipline à l’école primaire doit permettre à l’élève de concevoir la démarche scientifique comme étant souple et faisant appel à sa créativité. Elle explore les avenues possibles en intégrant à cette démarche de de nouvelles observations et de nouvelles données. Conséquemment, on doit enseigner à l’élève à faire usage de son esprit critique, de son jugement et de sa créativité.
Certains mentionnent qu'un enfant est un scientifique par défaut puisqu’il expérimente constamment, se pose des questions et tente d’y répondre. Que pensez-vous de cette affirmation?
Je ne crois pas qu’un enfant soit un scientifique par défaut, mais je crois qu’il peut être facilement outillé des pratiques du scientifique. On peut l’amener à développer des attitudes et des habiletés inhérentes à l’activité scientifique, ne pensons qu’à l’esprit critique, à la persévérance, à la minutie…
Est-ce vrai que la curiosité des enfants est à leur maximum de 6 à 12 ans?
La curiosité est une attitude. Elle peut se manifester chez l’enfant selon une intensité variable. À l’âge scolaire, un accompagnement adéquat par l’enseignante ou l'enseignant devrait permettre à l’élève d’aborder des savoirs essentiels du programme d’enseignement primaire en faisant référence aux repères culturels du groupe-classe. Conséquemment, les savoirs scolaires devraient apparaître comme pertinents aux yeux des élèves qui s’engageront ainsi plus activement dans la construction des apprentissages. Autrement dit, l’enseignante ou l'enseignant doit être en mesure de susciter chez eux une réflexion qui les guide à concevoir l’apprentissage comme nécessaire afin d’obtenir une réponse à un problème qui les intéresse, puisque la réponse apportera une solution applicable dans leur quotidien.
Selon vous, est-ce que l’intérêt pour les sciences est inné ou peut se développer chez l’enfant et l’adolescent?
Malheureusement, un étudiant du secondaire qui n'aurait pas reçu un enseignement de la discipline telle que présentée précédemment pourrait avoir tendance à percevoir la science comme un domaine de vérité complexe, parfois opaque, sinon réservé à une certaine élite. Il n’en est rien. C’est pourquoi l’enseignement de la discipline au primaire est si important afin de préparer au cycle supérieur qu’est le secondaire.
Devrait-on garder le côté ludique dans l’enseignement des sciences au secondaire?
Adopter une approche ludique permet d’accroître la participation de l’apprenante ou de l'apprenant dans ses apprentissages, ce qui est intéressant, surtout dans une approche socioconstructiviste.
Je tiens à préciser que construire des apprentissages et les intégrer à notre quotidien peut exiger un effort considérable. L’approche ludique contribue à rendre l’expérience agréable, mais il nous faudra aussi insister sur l’établissement de liens entre le savoir à enseigner et les repères culturels de la classe afin de rendre celui-ci pertinent et ainsi convaincre l’élève de s’investir dans ses apprentissages et le transformer en savoir appris.
Avez-vous des initiatives ou des projets porteurs à nous proposer sur les roches et minéraux?
Je m’étonne toujours de l’intérêt marqué des élèves d’âge scolaire pour les roches. Le moindre caillou peut se révéler d’un intérêt remarquable pour l’élève. Dans certaines classes, nous découvrons des collections de roches et minéraux provenant souvent des 4 coins du monde. Si ce n’est d’augmenter la culture générale de l’élève, ces spécimens exotiques n’apportent pas de réponses concrètes à des questions ou à des problèmes du quotidien de l’élève. Pourquoi, alors, ne pas concevoir bien humblement notre propre collection en utilisant des spécimens présents dans le quotidien de l’élève? Cela ne privera pas l’élève d’une culture plus vaste s’il souhaite s’intéresser aux roches et minéraux du monde lors d’activités personnelles ou parascolaires. Rappelons que le but de l’enseignement de la discipline est d’amener l’élève à répondre à des questions qui lui démontreront la pertinence des apprentissages en faisant usage des savoirs.
Trouvez-vous qu’il y a un impact direct chez les jeunes dans leur orientation scolaire et professionnelle s’ils ont vécu des cours de sciences stimulants dès le primaire?
Je crois que oui, puisqu’avec l’accompagnement adéquat, les jeunes devraient percevoir la science comme une discipline accessible et, par la même occasion, cet accompagnement mettra en valeur certains métiers qu’ils n’auraient pas considérés s’il n’en avait pas été ainsi. D’ailleurs, je me réjouis de l’enseignement de la discipline par les bachelières et bacheliers de l’UQAT ainsi que de l’usage que plusieurs d’entre eux font des ressources de notre milieu afin de mettre en évidence les liens entres les savoirs scolaires et nos repères culturels, ne pensons qu’au Musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue à Malartic ainsi qu’au Fossilarium de Notre-Dame-du-Nord.

Brayen Lachance, coordonnateur et chargé de cours en didactique des sciences à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)

FORMATION ACADÉMIQUE
Maîtrise en éducation, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT, 2011)
Baccalauréat d’éducation préscolaire et d’enseignement au primaire, (UQAT, 2007)
PUBLICATIONS
Bergeron, R., S. Tamsé et B. Lachance. Les actes de parole du formateur universitaire en contexte de construction des savoirs scientifiques et technologiques en formation à l’enseignement primaire. Dans C. Dumais, R. Bergeron, M. Pellerin et C. Lavoie (dir.). L’oral et son enseignement : diversité des contextes linguistiques. Montréal : Éditions Peisaj (collection COGITO).
Lachance, B. (2015). Penser la bouche pleine de mots en science et technologie, Québec français, 175, 28-31.
Lachance, B. et R. Bergeron. (2015). Activités langagière et métalangagière orales de futurs enseignants du primaire dans la construction du problème en science et technologie. Dans R. Bergeron, C. Dumais, B. Harvey et R. Nolin (dir.). La didactique du français oral du primaire à l’université (p. 211-234). Montréal : Éditions Peisaj (collection COGITO).
Lachance, B. (2014). Des albums jeunesse pour la classe de science et technologie, Québec français, 172, 66-68.
Lachance, B. (2013). Perception du langage et des pratiques langagières en science chez de futurs enseignants du primaire, Québec français, 170, 69-71.
Bergeron, R. et B. Lachance. (2013). Construire en interaction des apprentissages disciplinaires et langagiers : mission possible!, Vivre le primaire, 26, 1, 49-50.
Bergeron, R., S. Tamsé et B. Lachance. (2012). Développer des pratiques langagières orales argumentées dans le cadre des enseignements scientifiques et technologiques en formation initiale au primaire. Dans R. Bergeron et G. Plessis-Bélair (dir.). Représentations, analyses et descriptions du français oral, de son utilisation et de son enseignement au primaire, au secondaire et à l’université. Montréal : Éditions Peisaj (collection COGITO).
Lachance, B. (2011). « La fiction documentaire pour apprendre autrement », Québec français, no 161, 53-56.
Lachance, B. et R. Bergeron (2011). « Quelle place pour l’oral en enseignement de la science et de la technologie? », Vivre le primaire, vol. 24, no 1, 32-35.
Lachance, B. (2009). Recension de l’ouvrage didactique Représentation de l’enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse [M. Noël-Gaudreault et F. Gervais, dir.] paru dans la Revue des sciences de l’éducation, vol. XXXV, 2, p. 238-239.
Lachance, B. (2009). « Guide de l’auto + garçons = réussite », Québec français, no 152, Hiver, p. 68-69.
Lachance, B. (2008). « Des textes littéraires pour la classe de science et technologie », Québec français, no 151, 66-68.
Lachance, B. (2007). Une boîte de conserve obéissante. Outil didactique sur support DVD destiné à accompagner les enseignants dans l’élaboration, la réalisation et l’évaluation de situations d’apprentissage et d’évaluation (SAÉ). Ce DVD a été réalisé pour l’équipe du Comité régional de l’Abitibi-Témiscamingue sur les situations d’apprentissage et d’évaluation.
Lachance, B. (2006). À chacun son Zloukch! Outil didactique sur support DVD destiné à accompagner les enseignants dans l’élaboration, la réalisation et l’évaluation de situations d’apprentissage et d’évaluation (SAÉ). Ce DVD a été réalisé pour l’équipe du Comité régional de l’Abitibi-Témiscamingue sur les situations d’apprentissage et d’évaluation.
