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Portrait de Geneviève Bruneau  

10 novembre 2022
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Avoir le génie minier à cœur - Responsable de travaux pratiques et de recherche à l’Université Laval

Geneviève Bruneau, responsable de travaux pratiques et de recherche à l’Université Laval

Originaire de la Rive-Sud de Montréal, Geneviève Bruneau avait le profil tout indiqué pour se diriger en médecine, mais elle a plutôt choisi un programme de génie minier. Au moment de son entrée aux études en 1992, seulement 4 % des femmes choisissaient ce domaine d’études. Malgré tout, elle a opté pour vivre de sa passion, le génie géologique, et se spécialiser en mécanique des roches. Aujourd’hui responsable de travaux pratiques et de recherche à l’Université Laval, Geneviève Bruneau n’a jamais regretté le chemin emprunté.

Diplômée au baccalauréat en génie géologique de Polytechnique Montréal et à la maîtrise en mécanique des roches de l’Université Laval, elle s’est fait offrir la profession de ses rêves dès sa sortie des études. Alliant la recherche, l’enseignement pratique en laboratoire, le contact avec les entreprises et le travail d’équipe, elle vit depuis une grande aventure. Elle se sent privilégiée tous les jours de rencontrer des gens provenant de multiples horizons qui nourrissent son besoin de curiosité insatiable. De plus, elle reconnaît que les journées non routinières qui nécessitent polyvalence et adaptation face aux changements lui permettent d’apprécier encore plus son travail. Partez à la découverte de Geneviève Bruneau qui se dévoue corps et âme à son employeur, à ses projets de recherche et aux étudiantes et étudiants de l’Université Laval.

1- Jeune, quel métier rêviez-vous de faire?

Je n’ai pas été en contact avec le secteur minier au cours de mon enfance. Je ne savais pas ce que je voulais faire : je ne souhaitais pas devenir infirmière ou médecin. J’aimais beaucoup l’histoire de l’art et les roches. Je recherchais un domaine qui jumelait les arts et les sciences, mais, au secondaire et au cégep, mon parcours s’est orienté vers les sciences. Comme j’avais de bons résultats en mathématiques, on m’a conseillé de me diriger dans un programme en ingénierie.

 

2- Qu’est-ce qui vous a donné envie d’étudier en ingénierie, génie géologique? Et par la suite de faire votre maîtrise en génie minier, mécanique des roches?

Je me suis inscrite en génie mécanique en première année et j’ai découvert le génie géologique, qui correspondait davantage à mes intérêts : être dehors, avoir une partie de travail terrain, interagir avec des gens de multiples horizons et vivre l’aventure. Par la suite, grâce à des stages qui m’ont permis de faire de belles rencontres et découvertes, j’ai choisi de poursuivre en mécanique des roches dans un projet de maîtrise dirigé par un professeur de l’Université Laval. Ce projet m’a amenée à développer de l’expérience ainsi qu’à explorer plusieurs secteurs de la mécanique des roches.

 

3- Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel?

Lorsque le poste de responsable de travaux pratiques et de recherche associée à la mécanique des roches a été affiché, j’ai décidé de tenter ma chance et de présenter ma candidature. Le poste était taillé sur mesure pour moi : il conciliait la recherche, l’enseignement et le contact avec les entreprises. Cela faisait une fusion de tous les côtés qui me plaisaient. Par la suite, le poste a évolué avec le temps : j’en suis venue à préparer les laboratoires des étudiantes et étudiants et à transmettre la matière technique, jusqu’à devenir la responsable des laboratoires et de l’équipe technique pour le Département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux. J’ai été impliquée dans les cours, dans les projets de recherche et particulièrement dans mon « dada », la mécanique des roches.

 

4- Quelles ont été vos plus grandes satisfactions professionnelles et personnelles?

De voir les étudiantes et étudiants grandir, évoluer jusqu’à ce qu’ils deviennent des finissantes et finissants. Par la suite, certains deviennent des partenaires de l’Université; ils sont dorénavant des expertes et experts dans leur domaine. Ma plus grande satisfaction, c’est d’avoir contribué à la formation d’une centaine d’étudiantes et d’étudiants qui sont maintenant intégrés au marché du travail et de constater à quel point ils ont grandement évolué depuis le début de leur formation. Être témoin de leur épanouissement est un privilège.

 

5- Parmi les projets auxquels vous avez participé, quel est celui sur lequel vous avez le plus aimé travailler?

Mon projet de maîtrise consistait à étudier l’influence d’un système de failles sur l’intégrité structurale du puits d’accès principal à la mine Copper, à Mount Isa, en Australie. Plus particulièrement, l’impact de la séquence de minage fut considéré comme le responsable du déplacement induit le long de ces failles.

 

6- D’où vous vient votre passion pour l’ingénierie?

L’ingénierie, c’est une source potentielle d’accomplissements variés. Le monde du génie est rempli de possibilités! L’ingénierie est également une vaste source de savoirs et d’outils techniques qui permettent d’appréhender le monde avec curiosité pour comprendre ce qu’il se passe. Cela permet de trouver des solutions créatives à des problématiques et d’appréhender le monde avec une certaine méthode.

 

7-  Selon vous, est-ce que les femmes sont de plus en plus intéressées par ce domaine d’études?

Les femmes sont de plus en plus intéressées par ce domaine d’études qu’est l’ingénierie. Depuis que j’ai fait mes études, le nombre de femmes a augmenté et dans mon secteur également. Nous demeurons marginales, mais je note tout de même une hausse. Nous représentons 17 % du secteur minier. Plusieurs facteurs contribuent à la sous-représentation des femmes ingénieures minières. Un de ces facteurs est une méconnaissance du domaine par les jeunes filles qui en sont à choisir leur future profession. Lorsque j’ai terminé mes études, il n’y avait pas beaucoup d’emplois, c’est pourquoi beaucoup de gens ont décidé de migrer vers d’autres disciplines comme l’informatique. Ce n’est plus le cas maintenant. L’ingénierie reste un domaine riche et complexe. Avec un diplôme d’ingénieur, on peut exercer la profession de multiples façons, se concentrer sur l’aspect technique, réaliser la gestion de projets d’ingénierie, devenir administrateur, etc. Cela mène au développement de plusieurs compétences, c’est un processus de formation continue qui soutient l’évolution de la carrière que l’on poursuit. Il y a autant de profils que de personnes. La question de la conciliation travail-vie privée est un enjeu qu’il ne faut pas négliger pour le maintien des femmes en poste.

 

8-  Y a-t-il quelqu’un que vous considériez comme votre mentor ou une personne qui a particulièrement influencé votre carrière?

La personne qui m’a donné ma chance en mécanique des roches s’appelle John Hadjigeorgiou, qui était mon professeur de maîtrise à l’époque à l’Université Laval et qui travaille aujourd’hui pour l’Université de Toronto. C’est vraiment avec lui que j’ai eu la piqûre de la mécanique des roches. Ma vie ne serait certainement pas ce qu'elle est sans cette rencontre. C’est à mon tour d’agir en tant que mentor auprès de certaines étudiantes ou certains étudiants pour les aider à cheminer et à devenir des professionnels dans leur secteur. 

 

9- Qu’est-ce qui vous intéresse du secteur minier?

Le secteur minier est dynamique. Aucun site minier n’est semblable à un autre. Chaque site a ses particularités, ses défis et ses atouts. C’est un emploi qui n’est pas routinier et c’est pour moi quelque chose d’important, d’attrayant. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

 

10- Comment décririez-vous ce qui se fait au Québec dans le secteur minier?

Les avancées technologiques qui soutiennent l’exploitation minière dans des contextes extrêmes sont impressionnantes, en particulier lorsqu’on parle de sites miniers en conditions arctiques ou de mines à très grandes profondeurs. Le Québec a aussi fait des avancées notables dans la façon de négocier les droits miniers. Il ne faut pas s’arrêter là, tant reste à faire, comme réduire au maximum l’impact de l’industrie sur l’environnement. C’est un défi qu’il faut relever. Nous sommes des précurseurs par rapport à ce qui se fait dans le monde. Je peux même dire qu’il y a beaucoup de diplômés canadiens en formation minière qui travaillent en Australie.

 

11- Comment percevez-vous la formation d’ingénieur?

La formation en ingénierie nous apprend à apprendre. Cette formation propose un savoir et des méthodes qui doivent être mis en pratique avec un sens critique et éthique développé. L’alternance travail-études permet d’explorer, de voir ce qui nous plaît ou non, de découvrir, d’être exposé au travail et de mieux comprendre les enjeux.

 

12- Quelles sont les forces et quels sont les défis de la formation minière?

Le plus grand défi, selon moi, c’est de résister à la pression de faire les choses plus rapidement, soit de raccourcir le programme de formation qui est de quatre ans. La formation en génie exige des fondements solides qu’il ne faut pas négliger. Parfois, la clientèle étudiante ainsi que les employeurs souhaiteraient que l’on forme les gens tout de suite à l’applicabilité sans que les bases soient d’abord acquises. La formation de quatre ans permet d’être plus outillé, de maintenir le standard de qualité long et complexe et d’évoluer dans le milieu. Ce n’est pas la saveur du moment qui est importante, mais plutôt la fondation. On veut tout faire rapidement avec une satisfaction instantanée. Il faut faire preuve de persévérance, de ténacité, être dévoué et maintenir cela. On gagnerait également à mieux faire connaître la profession et les différents profils qui existent.

 

13-  Que devons-nous absolument enseigner pour évoluer dans le secteur minier actuel?

Je crois qu’il faut cultiver l’attitude de curiosité. Je pense que c’est important d’être curieux à l’égard de ce qui nous entoure. C’est la clé de l’ingénierie pour s’ouvrir à des possibilités illimitées. Une fois que la curiosité est là, on peut apprendre le volet scientifique de la pratique du génie. La capacité à travailler en équipe avec des partenaires de différents horizons est essentielle.

Geneviève Bruneau, responsable de travaux pratiques et de recherche à l’Université Laval
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