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Industrie 4.0 et compétences numériques: lorsque les compétences de métier ne suffisent plus 

3 avril 2017
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Paru dans la revue Ressources, Mines et Industrie et tiré de la publication « Transformation numérique et compétences du 21e siècle pour la prospérité du Québec. Exemple de l’industrie minière ».

Au cours des prochaines années, le secteur minier connaîtra une nouvelle vague de transformation. Les technologies numériques associées aux démarches d’amélioration continue et d’optimisation des procédés poseront alors des défis cruciaux en matière de développement et de mise à niveau de la main-d’œuvre. La numérisation des entreprises minières aura des conséquences importantes sur les compétences requises pour occuper plusieurs postes. Elle imposera notamment la mise en place de programmes de formation continue pour actualiser les compétences de la main-d’œuvre. Identifier dès maintenant les nouvelles compétences des travailleurs qui permettront de soutenir la transformation numérique est un thème qui interpelle à la fois les établissements d’enseignement publics et l’industrie.

Les technologies numériques permettent déjà de dégager l’opérateur de certaines tâches pénibles et répétitives pour qu’il se consacre à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Désormais, aux compétences du métier s’ajoutent de nouvelles compétences numériques, essentielles pour réussir la transition vers l’industrie 4.0. Seules les entreprises minières quisauront relever le défi des nouvelles compétences numériques maintiendront leur accès au personnel qualifié nécessaire à leurs opérations.

 

Compétences numériques, pourquoi?

Plus qu’une simple tendance, les compétences numériques constituent un incontournable dans la transition en cours vers une automatisation accrue de l’industrie minière. Ces compétences renvoient aux habiletés techniques des individus en situation professionnelle. Plus spécifiquement, elles représentent la capacité d’un travailleur à employer ses connaissances, ses habiletés et ses attitudes afin d’utiliser des technologies numériques pour :

1. Analyser, sélectionner et évaluer de manière critique des données numériques;
2. Résoudre des problèmes;
3. Développer de nouvelles connaissances collaboratives et s’engager dans des pratiques organisationnelles qui nécessitent l’utilisation quotidienne du numérique.

Développer cette capacité implique une maîtrise des interactions entre trois grandes familles de compétences numériques, les compétences techniques, collaboratives et cognitives.

 

Les compétences techniques

Les compétences techniques consistent à savoir utiliser les technologies de manière efficace, efficiente, sûre et adaptée. Elles sont nécessaires à l’exploration de nouveaux contextes numériques ainsi qu’à la résolution de problèmes en utilisant les outils numériques proposés dans le cadre du travail. Concrètement, il s’agit d’ouvrir et fermer correctement des logiciels, des applications ou des appareils et d’être en mesure d’utiliser leurs différentes fonctions. Il peut également s’agir d’effectuer des opérations de stockage de fichiers ou de consulter des bases de données.

 

Les compétences collaboratives

Les compétences collaboratives se rapportent à la capacité des individus à collaborer et à résoudre des problèmes dans des environnements numériques. Ce sont les connaissances, les habiletés et les attitudes permettant aux employés d’interagir efficacement les uns avec les autres par le biais du numérique. Concrètement, elles nécessitent que chaque employé ait une compréhension globale de son propre rôle et de son impact sur les autres utilisateurs des systèmes et des processus. Elles renvoient à la compréhension des enjeux associés à la cybersécurité et à la confidentialité des données. Ces compétences consistent à recevoir, à modifier et à transmettre des informations par plusieurs moyens numériques dans une dynamique de travail collaboratif.

 

Les compétences cognitives

Les compétences cognitives concernent la capacité à sélectionner, à interpréter et à évaluer l’information numérique. La maîtrise des compétences numériques implique de détenir lesconnaissances, avoir les habiletés et afficher les attitudes requises pour lire, localiser, sélectionner, interpréter, intégrer, créer, stocker et évaluer les données générées ou captées par les systèmes informatiques de l’organisation. Ces compétences réfèrent donc à la littératie et la numératie dans un environnement numérique.

 

Ces trois grandes familles de compétences numériques interagissent entre elles. Par conséquent, il est nécessaire d’envisager les compétences numériques dans leur intégralité. Ainsi, une organisation qui entreprend une transition vers une utilisation accrue du numérique doit être en mesure de déterminer et d'analyser ses besoins futurs afin de développer la combinaison adéquate des compétences cognitive, collaborative et technologique de son personnel. Cela implique aussi une vision stratégique de l’utilisation des nouvelles technologies dans le cadre de l’ensemble des pratiques de l’organisation.

 

La capacité numérique

Un autre concept important est celui de la capacité numérique. La capacité numérique d’une organisation se mesure à son aptitude à disposer des compétences nécessaires pour utiliser de nouveaux outils numériques. Maintenir la capacité numérique d’une organisation implique également un accès régulier à l’information qui lui permettra d’intégrer les nouvelles technologies émergentes en utilisant une combinaison de recherche active, personnalisée et automatisée.

 

L’importance de la formation

La transition numérique exige davantage qu’un énième plan de formation en entreprise. Elle suppose un projet d’éducation au numérique construit en étroite collaboration entre les différents intervenants et un meilleur arrimage entre les besoins des entreprises et les compétences acquises en contexte de formation initiale en établissement d’enseignement. Renforcer l’arrimage entre la formation offerte dans le réseau de l’éducation et les besoins en  matière de compétences numériques exprimés par les entreprises minières débute donc avec la promotion des programmes de formation et des emplois qui en découlent.

Tendre vers une culture d’apprentissage en entreprise passe aussi par une responsabilisation de toute l’organisation. Pour y arriver, la mise en œuvre de trois chantiers en matière de développement des compétences dans un contexte de transformation numérique semble prioritaire.

1. Réviser les programmes de formation initiale offerts par les établissements
d’enseignement afin d’y inclure les nouvelles compétences requises en entreprise;
2. Attirer davantage de jeunes dans les programmes rattachés au domaine des nouvelles technologies afin d’agir sur l’augmentation de l’offre pour répondre aux besoins des entreprises à long terme;
3. Augmenter les compétences numériques de la main-d’œuvre en emploi.

Ces trois chantiers seront menés à terme si et seulement si les intervenants partagent une vision commune qui guidera leurs efforts. Une avenue prometteuse pour élaborer cette vision est le maintien de canaux d’échanges réguliers entre les entreprises et les établissements d’enseignement public. Des échanges fréquents ciblant l’adaptation de l’offre de formation élargiraient l’analyse habituelle des compétences associées aux métiers en incluant de nouvelles façons de faire et de nouvelles technologies, ce qui permettrait de prévoir l’émergence de nouvelles tâches exigeant la maîtrise de compétences numériques. Cette vision commune et essentielle à la réalisation de stratégies concertées se traduira par la suite en actions concrètes.

 

Conclusion

En matière de compétence numérique, il est difficile de développer un ensemble unique de connaissances, d’habiletés et d’attitudes génériques, applicables en tout temps et dans tous les contextes. La réussite repose plutôt sur une combinaison judicieuse des ressources disponibles. Il est important également de reconnaître que les compétences numériques et la capacité numérique organisationnelle ne sont pas équivalentes. Les compétences sont aux individus ce que la capacité est aux entreprises. De plus, la capacité d'une entreprise de faire usage à bon escient du numérique est tributaire certes des ressources mises en place, mais aussi, et surtout de la combinaison des compétences numériques de tous ses employés. Par conséquent, pour acquérir la capacité numérique nécessaire à l’exploitation optimale des nouvelles technologies, une entreprise doit s’assurer de réunir une équipe dont les compétences numériques individuelles et collectives sont adéquates. C’est la complémentarité des compétences numériques individuelles réunies en fonction des objectifs organisationnels qui permet de maximiser le rendement des investissements en technologies numériques.

 

Références

Céfrio (2016). Compétences numériques. Des compétences nécessaires pour soutenir le passage au numérique des PME. Synthèse. PME 2.0. 34 pages.
Céfrio (2016). Prendre part à la révolution manufacturière? Du rattrapage technologique à l’Industrie 4.0 chez les PME. PME 2.0. 32 pages.
Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (2016). Feuille de route industrie 4.0. Plan d’action en économie numérique. Stratégie numérique du Québec. Gouvernement du Québec. 50 pages.
Association québécoise des technologies (2017). Industrie 4.0 : un avenir prospère grâce
aux NTIC. Consulté en ligne le 27 mars 2017. http://www.aqt.ca/nouvelles/un-avenirprospere-grace-aux-ntic/
Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Un monde en mutation. Soyons prêts pour les emplois de demain! Consulté en ligne le 27 mars 2017. http://www.emploisdufutur.com/

 

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