Quand la démarche RAC permet d’augmenter l’employabilité et la qualification : le cas de la mine Matagami avec la diplomation de 17 travailleurs expérimentés

Entretien avec Joanie Guillemette-Simard, conseillère d’orientation au Centre de formation professionnelle de la Baie-James et Marie-Josée Tremblay, conseillère en formation à la Minière Osisko et anciennement coordonnatrice à l’accueil et à la formation à l’ancienne mine Matagami.
« Dans le cadre de mes fonctions comme conseillère d’orientation, j’en étais à mes débuts dans le monde de la reconnaissance des acquis et ce fut très formateur. J’ai pu accompagner plusieurs candidats dans cette démarche qualifiante. »
- Joanie Guillemette-Simard, conseillère d’orientation | Centre de formation professionnelle de la Baie-James


En juin 2022, la mine Bracemac- McLeod de Glencore, surnommée la mine Matagami, fermait ses portes dans la communauté de Matagami comptant moins de 1 400 habitants. La fin des activités de cette mine, employeur majeur de Matagami, a entraîné la perte d’emploi de 220 travailleuses et travailleurs1. Heureusement, l’entreprise avait préparé sa fermeture plus de deux ans auparavant.
À cette époque, le Service aux entreprises du Centre de formation professionnelle (CFP) de la Baie-James avait proposé la démarche de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) à la mine Matagami.
En collaboration étroite avec Marie-Josée Tremblay, coordonnatrice à l’accueil et à la formation de la mine Matagami, Mme Guillemette-Simard a pu accueillir des candidats à la RAC dès l’automne 2021, près de neuf mois avant la fermeture. D’ailleurs, dès les premières rencontres avec les candidats, le processus a également suscité l’intérêt de leurs confrères qui ont aussitôt entamé la démarche. Le soutien de l’employeur a été primordial dans la réussite du projet; en plus de mentionner les avantages de la démarche RAC à ses employés, la coordonnatrice à l’accueil et à la formation, Mme Tremblay, veillait à transmettre le dossier de chaque candidat pour faciliter le processus et coordonnait les moments d’évaluation avec ses collègues directement à la mine.
« L’entreprise souhaitait tout faire pour aider ses employés à trouver un emploi à la suite de la fermeture. C’est pourquoi plusieurs possibilités leur ont été offertes, dont la RAC. J’ai adoré cette démarche, que j’ai trouvée simple, et si je peux y avoir recours dans un futur milieu de travail, il est certain que j’en ferai la promotion. Nos employés ont été valorisés par cette expérience. Ils étaient fiers et c’était pour certains un premier diplôme à vie! »
- Marie-Josée Tremblay, coordonnatrice à l’accueil et à la formation | Ancienne mine Matagami
Mme Tremblay est aujourd’hui conseillère en formation à la Minière Osisko et voit d’un bon œil l’implantation de la RAC dans son organisation.
17 diplômés grâce à la RAC

Au printemps 2022, ce sont 17 candidates et candidats à la démarche de reconnaissance des acquis et des compétences qui ont obtenu un diplôme, et ce, avant même la fermeture de la mine prévue en juin 2022. Avec ouverture, les candidats ont prouvé leur expérience et leurs compétences en deux temps :
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Une entrevue de validation réalisée à distance avec un enseignant expert et Mme Guillemette-Simard permettant de déterminer qu’ils étaient expérimentés et prêts à être évalués de façon pratique (environ 1 heure);
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Une évaluation sur le terrain par des enseignants du CFP de la Baie-James directement à la mine Matagami (1 à 3 jours).
Comme mentionné dans l’étude de l’Institut national des mines sur la RAC réalisée en collaboration avec Mme Rachel Bélisle et M. Eddy Supeno, l’encouragement et l’engagement de l’employeur dans la démarche RAC est l’un des facteurs de réussite.
« Le contexte était idéal pour évaluer et reconnaître l’expérience des travailleurs puisque l’employeur était une des parties impliquées dans le processus. Les résultats de recherche de Mme Bélisle sont bel et bien tangibles dans notre expérience. De plus, étant donné que le CFP de la Baie-James avait déjà un chantier-école dans cette mine, il a été simple de procéder aux évaluations de nos candidats. »
- Joanie Guillemette-Simard, conseillère d’orientation | Centre de formation professionnelle de la Baie-James

Taux de placement des candidats
Le taux de placement des candidats près d’un an plus tard est très élevé, voire de 100 %, et ils travaillent pour la plupart dans le secteur minier. Plusieurs entreprises ont d’ailleurs usé de stratégie afin de recruter les employés. Certaines offrent maintenant la possibilité de prendre l’avion de Matagami pour aller travailler sur leur site minier.
Sur les 17 diplômés :
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La majorité occupe actuellement un emploi dans les mines;
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Plus de la moitié des diplômés sont demeurés à Matagami.
Pour Mme Guillemette-Simard, cette expérience représente un bel accomplissement professionnel. L’accompagnement des 17 candidates et candidats à la RAC jusqu’à la diplomation est unique.
« Cette expérience a été très gratifiante pour mon équipe et moi. Comme conseillère d’orientation, pouvoir contribuer à la qualification et à la diplomation des travailleurs est très valorisant. De plus, au-delà du diplôme en tant que tel, permettre à la personne de déterminer son plein potentiel est une grande réussite. »
- Joanie Guillemette-Simard, conseillère d’orientation | Centre de formation professionnelle de la Baie-James
L’obtention d’un diplôme peut également permettre aux candidats de bénéficier d’un crédit d’impôt pour les nouveaux diplômés s’établissant dans une région ressource éloignée. Cela peut représenter une somme de 8 000 $ sur trois ans.
Pour en savoir plus : démarche RAC
Rappelons que l’Institut national des mines a publié à l’automne 2022 une étude sur le parcours en reconnaissance des acquis et des compétences de travailleuses et de travailleurs du secteur minier et qu’un nouvel avis au ministre de l’Éducation, M. Bernard Drainville, sera publié prochainement afin de poursuivre la valorisation de cette démarche menant à la diplomation.
Le 9 juin 2023, les chercheurs ayant collaboré au rapport de recherche et l’Institut national des mines réaliseront une conférence lors du Colloque de l’Ordre des conseillères et conseillers d’orientation du Québec.
[1] Nombre de travailleurs tiré de l’article de Jean-Michel Genois Gagnon du Journal de Québec intitulé « Matagami fragilisée par le départ définitif d’une minière étrangère », 5 avril 2022, URL : https://www.journaldequebec.com/2022/04/05/matagami-fragilisee-par-le-depart-definitif-dune-miniere-etrangere